mardi 17 août 2010

L'Autre

L’autre, je ne l’aime pas.
Je ne l’aime pas parce qu’il ne saurait me comprendre
Ni moi, ni ce monde dans lequel je vis
Et qui n’a pour sens que le mien.
Je ne l’aime pas, je ne saurais l’aimer
Lui qui ne sera jamais à hauteur de mes rêves
Jamais assez doué
Jamais assez doux
Jamais assez drôle
Jamais assez moi.
Je ne l’aime pas, ou bien dans l’illusion
Lorsque je l’habille de poussière pour qu’il me ressemble
Et le temps passe,
Si peu de temps…
Et révèle ce que je lui avais caché :
L’autre, je ne l’aime pas.
Je ne l’aimerai jamais au-delà d’un instant
Le temps de penser, et d’être un homme comme lui :
Ce n’est pas grave.
Ce n’est peut-être pas grave.

Il paraît qu’il en naît quatre par seconde.

Encore

Je continue :
Je finis ce que j’ai commencé
Avant d’abandonner,
Encore.
Je finis ce qui ne sera jamais achevé
Le mène à terme, car il faut avancer
Pour pouvoir enfin vivre.

Je continue
Je finis ce que j’ai commencé
… dans quelques années.

Tambour néant

Vide, vide, tout est vide :
Mon corps résonne comme un tambour.
Rien, rien, il n’y a rien :
Un cœur, un foie, un estomac.

Vide, vide, tout est vide :
Venez, venez sur la piste de danse !
Il n’y a pas de musique, pas de cris, pas de rires :
La fête bat son rien dans l’écho du silence.

Vide, vide, tout est vide :
Justement ce qu’il faut pour faire un débarras.
Débarras à peines, débarras à douleurs
Déchargez donc sur moi le poids de vos souffrances !

La Griffe

Sous mes ongles la peau
Lentement se déchire,
Douce fêlure nue de mots,
Fille de sombres désirs.

Sous mes ongles mes maux
Se rient de faire souffrir :
Qu’en est-il ? C’en est trop ?
Mais c’est ton avenir…

Saigne, saigne, saigne mon cœur
Dans l’union des douleurs
Et mon âme trouvera sa force dans le corps.

Car la rage écarlate soudain, un ouragan
Coulera sans adieux ces traîtres sentiments
Dans le cri de la mort.

108

108 : 3 mois et 16 jours à rêver sans te voir
108 : 4 jours et 12 heures depuis ce fameux soir
108 : 1 heure et 48 minutes, rien que toi, rien que moi
108 : 1 minute et 48 secondes d’un baiser qui sera
108… toute une vie peut-être qui commence à ta porte
Où je suis allée chercher le retour d’un amour.
J’avais si peur, tu sais, et j’en ai mis du temps
Avant d’oser frapper cela qui nous sépare.
108 : ce nombre sur la porte, il me souriait peut-être
Je l’ai tant contemplé pour trouver le courage
D’y déposer ma main.

Et le bruit sec soudain : 108 qui se dérobe
Et ton visage enfin : 108 escamoté
Face à l’amour naissant, pour l’éternité.

Père

Adieu, toi que je ne connais pas
Pour avoir été ma famille.
Il est trop tard : c’est ce que l’on attendait, non ?
Pour mieux se regretter.

Adieu, je ne pleurerai pas
Sur ton sort ou le mien, sur les larmes des autres :
La peine n’est pas, à ton image
En moi.

Adieu, puisque c’était ton souhait.
Moi qui te sais si mal, il me semble comprendre
Pourquoi tu quittes cette terre où veillent tes enfants.

Je ne te reproche rien, tu n’étais pas le pire
Mais avant de partir, peut-être pouvais-tu vivre ?

Sourire aurait suffi.

Poupée

Triste poupée de chiffon aux beaux yeux de verre,
Jouet favori de tous les grands enfants,
J'attends, gisant à terre, que l'on m'aime à nouveau
Même pour un seul jour, même pour un instant.

Car je ne suis qu'un corps, malléable à merci :
Je peux subir les coups, et puis tous leurs affronts.
Ainsi soit-il : je n'existe qu'entre leurs mains
Auraient-ils des désirs, les objets de chiffon ?

Je suis pourtant fragile, et quand on me déchire
Mes coutures de faufil cèdent à leurs assauts,
Et mon cœur de poupée, et mon cœur de papier
Se flétrit en silence à l'injure de leurs eaux.

Comme si j'étais femme, mon âme est lacérée
Pourtant pas une larme derrière mes yeux de verre.
Même chiffes souillées, je n'envie pas le sort
De ces poupées de cire crevant sous la poussière.

Ouverture du blog

Voilà, je franchis le pas. Après tant d'années d'écriture durant lesquelles je me suis refusé tout autre lecteur que moi-même, je me décide à publier ici quelques-uns de mes textes et poèmes. Pour voir. Voir si cela peut plaire à quelqu'un ou bien si, finalement, j'aurais peut-être mieux fait de garder mon galimatias pour moi.
C'est parti...